Complications endocriniennes chez les patientes utilisant des dermocorticoïdes à visée cosmétique

Résumé

Introduction : La dépigmentation cosmétique volontaire (DCV) concerne l’utilisation de produits dépigmentants détournés de leurs objectifs médicamenteux. Ainsi, elle peut entrainer de nombreuses complications notamment endocriniennes. L’objectif de ce travail était d’étudier les complications endocriniennes chez des patientes utilisant des produits à base de dermocorticoïde au long cours. Patients et méthode : Il s’agissait d’une étude de type exposé et non exposé, descriptive, analytique, évaluant l’impact métabolique de l’utilisation prolongée des dermocorticoïdes à visée cosmétique. Résultats : Nous avons inclus 70 patientes réparties en 30 exposées et 40 non exposées naïfs de dermocorticoïdes. Le groupe des femmes exposées avait un âge moyen de 34 ans et était scolarisé jusqu’au niveau primaire dans 30% des cas. Ces mêmes données étaient respectivement de 38 ans et 62,5% dans le groupe de sujets témoins. En moyenne, les adeptes de la dépigmentation utilisaient 02 produits, avec une fréquence d’application de 02 fois par jour et une durée de 4 ans. Le propionate de clobétasol était majoritairement utilisé dans 97,5% des cas. Sur le plan métabolique, nous avons retrouvé 6 cas de diabète (20%) et 5 cas de prédiabète (16,6%) chez les exposées contre seul cas de diabète (2,5%) chez les femmes non exposées. Dans la population exposée, une insuffisance corticotrope était retrouvée dans 53,3% des cas. Une élévation de la cortisolémie était notée dans 16,6% en faveur d’un cushing iatrogène. Aucune anomalie du profil corticotrope n’a été notée chez les non exposées. Parmi les patientes exposées, celles en insuffisance corticotrope associaient plus de principe actif (2,5±0,6), alors les cas de cushing iatrogène (16,6%) utilisaient plus de produits dépigmentants (3,5 contre 2,5 en moyenne) et avaient une durée d’application plus courte (1 an contre 4,7±3,1 ans en moyenne). Neuf patientes présentaient une obésité acquise chez les exposées contre 6 chez les non exposées. Le gain pondéral moyen était de +4,7±7,4 kg chez les exposées et -0,6±5,9 kg chez les non exposées. Conclusion : La DCV est une pratique qui peut entrainer de sévères complications endocriniennes. Le risque relatif d’insuffisance corticotrope, de diabète, de gain pondéral était plus fréquente chez les exposées. Mots clés : Dépigmentation cosmétique volontaire - dermocorticoïdes - complications métaboliques - Dakar